(Morale) c'est un sentiment naturel de l'âme, qu'on éprouve à la vue des personnes qui souffrent ou qui sont dans la misere. Il n'est pas vrai que la pitié doive son origine à la réflexion, que nous sommes tous sujets aux mêmes accidents, parce que c'est une passion que les enfants et que les personnes incapables de réfléchir sur leur état ou sur l'avenir, sentent avec le plus de vivacité. Aussi devons-nous beaucoup moins les actions nobles et miséricordieuses à la Philosophie qu'à la bonté du cœur. Rien ne fait tant d'honneur à l'humanité que ce généreux sentiment ; c'est de tous les mouvements de l'âme le plus doux et le plus délicieux dans ses effets. Tout ce que l'éloquence a de plus tendre et de plus touchant, doit être employé pour l'émouvoir.

" La main du printemps couvre la terre de fleurs, dit le brahmane inspiré. Telle est à l'égard des fils de l'infortune la pitié sensible et bienfaisante. Elle essuie leurs larmes, elle adoucit leurs peines. Vais cette plante surchargée de rosée ; les gouttes qui en tombent donnent la vie à tout ce qui est autour d'elle : elles sont moins douces que les pleurs de la compassion.

Ce pauvre traine sa misere de lieu en lieu ; il n'a ni vêtement, ni demeure, mets-le à l'abri sous les ailes de la pitié ; il transit de froid, réchauffe-le ; il est accablé de langueur, ranime ses forces, prolonge ses jours, afin que ton âme vive. " (D.J.)